Association Guillaume Fol

11 - Décrété de justice

groupe

Au berceau de nos ancêtres,
comme ici, au-dessus de l'Étang-Neuf,
de gros blocs granitiques ont souvent été dégagés par l'érosion. Les menhirs aussi sont nombreux dans la région.
Les uns et les autres donnent souvent lieu à  des légendes sorties du fond des âges. Ainsi à Kergonnec en Saint-Gilles-Pligeaux, on les considérait comme des bergers pétrifiés  chargés de surveiller un mystérieux troupeau.

 
 

Notre ancêtre Claude Fol naît le lundi 30 mars 1744, sans doute aussi à Gatalouarn. Il sera le dernier enfant de Jacques Fol et de Jeanne Thomas :
« Claude foll fils naturel et légitime de jacques foll et de janne thomas naquit le trentième mars mil sept cents quarante quatres et fut le même jour solennellement baptisé sur les fonds de Senven léhart parrain et marraine ont été Claude le lan et Anne Françoise Toraval qui ne signe
Ambroise troussel curé de léhart
»

Une fois de plus, les parrain et marraine sont des voisins de Kerscouarhat ; Anne Françoise Thoraval est la femme de Claude Jouan le jeune, notaire.

Jacques Fol meurt le jeudi 3 janvier 1760 à Senven-Léhart à l'âge de 59 ans. Le prêtre note dans le registre des sépultures la présence de Jeanne Thomas la veuve et de Bertrand Fol le fils du défunt. Jean Guillou et Joseph Le Cocguen les accompagnent.

Le dimanche 7 septembre 1760, est faite, au cours de la messe à Senven-Léhart, la première publication des bans du futur mariage entre Bertrand Fol et Marguerite Raoul.
Comme la future est domiciliée à Saint-Gilles-Pligeaux, la même annonce est faite dans cette paroisse.

Bertrand est orphelin de père et n’a que vingt ans. On est encore mineur à cet âge. Pour que le mariage puisse être célébré, il faut donc que la juridiction royale de Saint-Brieuc en examine le projet et donne son accord. C’est ce qui a été fait à Quintin le mardi précédent : le mariage entre Bertrand et Marguerite a été décrété de justice. Il va être célébré à Saint-Gilles-Pligeaux le mercredi 22 octobre.

Jeanne Thomas, mère et curatrice du marié, y assiste ainsi que Bertrand Rannou son parrain et Alexandre Jégou son oncle par alliance. La mère de la mariée et son frère Yves sont cités dans l’acte, de même que Yves Lucas.

De ce nouveau couple installé à Kerscouarhat, naissent tout d’abord trois beaux enfants : Marguerite en 1761, Marie en 1763 et Yves en 1764. Mais à Noël 1766, la famille est frappée par le malheur. Le samedi 20 décembre Marguerite meurt ; le vendredi 26 décembre Marie est emportée à son tour ; le lendemain la contagion continue ses ravages : Yves décède, il a 2 ans.

Comment donc nos ancêtres pouvaient-ils survivre à pareille épreuve ? La mort leur apparaissait sans doute comme une réalité familière et imparable, une compagne insatiable dont on ne peut se défaire. Marie Raoult, par exemple, comme beaucoup d’autres, fait écrire en préambule de son testament le 29 octobre 1702 : « ... sachant bien qu’il n’y a rien de plus certain que la mort et de plus incertain que l’heure d’icelle... » Les gens de cette époque étaient très fréquemment confrontés à la mort : les maisonnées étaient grandes, regroupant le plus souvent trois générations sous le même toit ; la contagion y avait la partie belle. Ce qui n’empêchait sûrement pas de cruels déchirements gardés au secret tout au fond du cœur des pères et des mères.

Bertrand Fol et Marguerite Raoul auront encore quatre enfants : Jean, né le samedi 23 mai 1767, Yves né le 20 août et décédé le 1er décembre 1768, Jacques né le dernier jour de 1770 et Marguerite née le 27 novembre 1772 et décédée le 7 décembre de l’année suivante. Nous ne savons pas ce qu’est devenu Jacques mais nous avons trouvé près de quatre-vingts descendants de Jean qui épousa Marie Briend en 1794 à Senven-Léhart.